Déterminant de la persévérance scolaire

Conciliation études-travail

Au Québec, environ une étudiante ou un étudiant sur deux travaille pendant ses études secondaires. Certaines personnes le font par choix, d’autres par nécessité. Quelle que soit la raison, elles devront apprendre à concilier les études, le travail et la vie personnelle : tout un défi!

Si la rareté de la main-d’œuvre a créé des opportunités pour les jeunes qui désirent occuper un emploi à temps partiel durant leurs études ou accélérer leur entrée sur le marché du travail dans certains cas, elle a également engendré des défis en matière de diplomation.

L’évolution du travail des jeunes au Québec

Les taux d’activité et d’emploi des jeunes n’ont cessé de croître depuis 1976 :

  • Les jeunes de 15 à 19 ans ont enregistré les augmentations les plus importantes au cours de la période de 2010 à 2019. Leur taux d’emploi est ainsi passé de 42,1% en 2016 à 51,8% en 2019, soit une hausse de 9,7%. Le taux d’emploi est resté plutôt stable pour les autres.
  • Au cours des dernières années, la pandémie de COVID-19 et la pénurie de main-d’œuvre dans un contexte de vieillissement de la population québécoise ont poussé une jeune main-d’œuvre non qualifiée à pallier le manque d’effectifs.
  • Selon l’enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017, la proportion des jeunes qui ont un emploi ou qui effectuent des petits travaux augmente avec le niveau scolaire, passant de 46% en 1re secondaire à 63% en 5e. Durant la même période, nous observons que la proportion d’élèves qui occupent un emploi formel augmente également.

Quelques données de l’enquête

La proportion des jeunes qui travaillent est plus élevée en 2023 qu’en 2022.

Plus récemment, une enquête portant sur la santé psychologique des jeunes de 12 à 25 ans réalisée dans quatre régions du Québec (Estrie, Laurentides, Mauricie–Centre-du-Québec et Montérégie), montre que les jeunes sont nombreux à travailler dès la 1re secondaire et que les données semblent indiquer une tendance à la hausse.

1er secondaire

54%
(13% en 2022)

2e secondaire

57%
(21% en 2022)

3e secondaire

61%
(36% en 2022)

4e secondaire

66%
(49% en 2022)

5e secondaire

71%
(62% en 2022)

Les jeunes en emploi travaillent souvent plus de 15h par semaine.

1er cycle

20%

2e cycle

26%

Formation professionnelle

45%

Cégep

39%

Université

30%

Raisons qui poussent les jeunes à travailler

Selon un sondage Léger mené pour le compte du Réseau pour un Québec Famille en 2023 auprès de parents québécois ayant des enfants âgés de 12 à 16 ans, les principales raisons pour lesquelles leur enfant occupe un emploi sont:

74%
pour couvrir leurs dépenses personnelles
(la proportion monte à 89% chez les familles recomposées)
57%
pour accumuler de l’épargne
55%
pour apprendre la valeur de l’argent
4%
pour contribuer au revenu familial
3%
pour contribuer à l’entreprise familiale

Avantages et impacts du travail des jeunes sur la réussite scolaire

De nombreuses études réalisées au Québec comme à l’international confirment que le travail a des répercussions importantes sur les études des jeunes.

La littérature scientifique converge vers une même conclusion : lorsqu’il se déploie dans de bonnes conditions, le travail peut être favorable à la persévérance scolaire. Néanmoins, à compter d’un certain nombre d’heures par semaine, le travail nuit aux études et accroît les risques de décrochage scolaire.

Avantages associés à l’occupation d’un emploi par un jeune

  • Se familiariser avec le marché du travail et ses exigences
  • Favoriser la découverte des passions
  • Valoriser les métiers professionnels
  • Acquérir des compétences et des connaissances
  • Développer son sens des responsabilités et son autonomie
  • Accroître son autonomie financière
  • Obtenir une valorisation et une reconnaissance

Impacts associés à l’occupation d’un emploi par un jeune

La littérature scientifique permet de cibler globalement le seuil au-delà duquel les effets néfastes du travail surpassent les avantages. Ainsi, les études établissent qu’au-delà de 15h par semaine, les risques augmentent et qu’après 20h, le travail est généralement nuisible. L’impact du cumul des différentes activités jouerait également un rôle déterminant.

  • Selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS), 41% des garçons du secondaire qui travaillent plus de 21h par semaine en étant aux études à temps plein risquent de décrocher, contre 21% pour ceux travaillant jusqu’à 10h par semaine. Chez les filles, ces proportions varient de 13% à 24%.
    Source : Institut de la statistique du Québec

  • Toujours selon l’EQSJS, le nombre d’élèves du secondaire qui travaillent plus de 11h par semaine et qui présentent un niveau élevé de détresse psychologique serait plus élevé.

  • De multiples études ont établi que le fait de consacrer plus de 15h par semaine à un travail rémunéré était associé à un risque sur le plan de l’anxiété, de la détresse psychologique, de la fatigue et des comportements à risque.
    Source : Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail

  • Les jeunes qui travaillent plus de 15h par semaine rapportent plus fréquemment un faible attrait pour l’école que les autres élèves (32% versus 23%).
    Source : CISSS des Laurentides

Les défis de la conciliation études-travail

Des études montrent que travailler pendant les études peut être bénéfique pour les jeunes, tant au secondaire, à la formation professionnelle, au collège, qu’à l’université.

Cependant, cela peut aussi entraîner des défis. L’un des plus importants consiste à trouver un juste équilibre entre les responsabilités professionnelles et scolaires, sans compromettre la réussite académique ni négliger les autres dimensions essentielles au développement, comme les loisirs et les amitiés. En somme, l'équilibre est propre à chaque jeune et doit prendre en compte toutes les sphères de sa vie.


Contraintes liées à l’emploi

L’équilibre entre les études et le travail ne se limite pas au nombre d’heures travaillées par semaine. Certaines caractéristiques de l’emploi occupé par les jeunes peuvent entraîner des conséquences sur leur capacité à maximiser leur réussite éducative, leur santé et leur bien-être.


Relationnelles

Exemples : situations tendues avec le public, mauvaise ambiance de travail et relations difficiles avec les collègues.

Physiques

Exemples : manipulation de charges lourdes, environnement bruyant et mouvements répétitifs.

Horaire

Exemples : nombre d’heures de travail (consécutives ou non), travail de soir ou de nuit et travail pendant les heures de classe.

Organisation du travail

Exemples : charge de travail élevée, manque de temps pour réaliser les tâches, travail exigeant beaucoup de concentration, interruptions fréquentes et manque d’autonomie.

Loi sur l’encadrement du travail des enfants

La Loi sur l'encadrement du travail des enfants est en vigueur depuis le 1er juin 2023, établissant ainsi l'âge minimum pour l'accès à l'emploi dans la province à 14 ans. Le RQRE soutient la mise en œuvre de cette loi qui s'aligne avec de nombreuses recommandations énoncées dans son mémoire.

Depuis le 1er septembre 2023, les employeurs sont soumis à l'interdiction de faire travailler une ou un jeune de 14 à 16 ans ayant l'obligation de fréquenter l'école au-delà de 17h par semaine ou de 10h du lundi au vendredi. Cependant, ces interdictions ne s’appliquent pas si aucun service éducatif n'est proposé pendant une période de plus de sept jours consécutifs, comme lors des vacances estivales.

Toutefois, ce projet de loi ne pourra pas garantir une protection complète de la totalité des jeunes. Pour certaines personnes, travailler 17h par semaine demeure trop exigeant :

  • Environ 21% des garçons du secondaire qui travaillent jusqu’à 10h par semaine sont à risque de décrochage scolaire, contre 41% chez ceux qui travaillent 21h ou plus. Chez les filles, ces proportions varient de 13% à 24%.
    Source : Institut de la statistique du Québec

  • Les jeunes qui consacrent plus de 15h par semaine à un travail rémunéré font face à un risque sur le plan de l’anxiété, de la détresse psychologique, de la fatigue et des comportements à risque.
    Source : Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail

Les aspirations scolaires et professionnelles comme moteur d’engagement vis-à-vis du parcours scolaire

Les aspirations scolaires et professionnelles conditionnent la persévérance scolaire des jeunes. Elles consistent en un intérêt durable et une volonté de s’investir vers un but futur.

Des aspirations scolaires et professionnelles moins élevées sont souvent liées à un désengagement vis-à-vis du parcours scolaire et à une entrée précoce sur le marché du travail. En revanche, les jeunes ayant un projet scolaire et professionnel bien défini trouvent la motivation nécessaire pour persévérer dans leurs études.

Soutenir les jeunes dans la définition et le développement de leurs aspirations scolaires et professionnelles favorise leur engagement face à leurs études et est bénéfique pour leur réussite éducative.
Source : Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail

Vous aimeriez en apprendre davantage concernant la Loi sur l’encadrement du travail des enfants?

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Équilibre entre les études et le travail

Comment aider les jeunes de son entourage à trouver un juste équilibre?

Toutes les personnes qui gravitent autour des jeunes peuvent exercer une influence positive, à commencer par les parents. Voici quelques gestes qui peuvent favoriser une saine conciliation :

  • S’informer du type de travail effectué et du nombre d’heures qui y sont consacrées.
  • Amener les jeunes à équilibrer le temps consacré à leurs engagements : école, études, travail, activités sociales et parascolaires, stages, etc.
  • Encourager les jeunes à faire de leurs études une priorité et valoriser leurs efforts.
  • Être à l’affût des pratiques de l’employeur en matière de conciliation études-travail.
  • Observer les signes et les changements qui touchent la vie personnelle et la santé, tels que la fatigue ou les absences à l’école.
  • Inviter la ou le jeune à réfléchir à ses aspirations professionnelles, soit son intérêt durable et sa volonté de s’investir dans un but futur. Il sera alors plus facile de l’encourager à persévérer dans son cheminement scolaire, et ce, même si l’objectif change ou évolue dans le temps.
  • Inviter la ou le jeune à remplir le questionnaire JeConcilie, qui lui permettra d’en apprendre davantage sur la qualité de sa conciliation études-travail.

Comment les employeurs peuvent-ils soutenir les jeunes vis-à-vis la conciliation études-travail?

Les employeurs jouent un rôle crucial dans la conciliation études-travail. En reconnaissant l'importance de l'éducation et de la formation, ils contribuent à créer un environnement propice à la réussite scolaire tout en offrant des opportunités professionnelles.

  • Offrir un horaire souple et adapté

    Les employeurs peuvent offrir des horaires de travail flexibles qui tiennent compte des engagements scolaires des jeunes. Cela peut inclure des horaires à temps partiel, des heures de travail ajustables ou des congés pour les examens. La flexibilité permet aux étudiantes et étudiants de gérer leur emploi du temps de manière à allouer suffisamment d’heures à leurs études.

  • Soutenir la formation continue

    Les employeurs peuvent encourager les étudiantes et étudiants à poursuivre leur éducation en offrant des programmes de formation continue, des bourses d'études ou des remboursements de frais de scolarité. Cela témoigne de leur engagement envers le développement éducatif du personnel et favorise une culture d'apprentissage continue.

  • Adapter les tâches et les responsabilités

    Les employeurs peuvent revoir les tâches et les responsabilités confiées aux personnes qui sont aux études pour s'assurer qu'elles sont conciliables avec leur âge et leur parcours scolaire.

  • Sensibiliser les équipes à l'importance de l’équilibre

    Les employeurs peuvent sensibiliser les gestionnaires et le personnel à l'importance de la conciliation études-travail par le biais de politiques internes qui encouragent la flexibilité et la prise en compte des engagements scolaires, ainsi que par des programmes de sensibilisation abordant les avantages d'une éducation solide.

  • Reconnaître les signes de fatigue

    Les employeurs doivent demeurer à l’affût des signes de manque de sommeil, car cet élément peut diminuer la concentration et la vigilance au travail.

  • Enrichir la réflexion sur la qualité de la conciliation études-travail

    Les employeurs peuvent inviter les étudiantes et étudiants en emploi à remplir le questionnaire JeConcilie qui leur permettra d’en apprendre davantage sur la qualité de leur conciliation études-travail.

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Formation

  • Formation – 12-15 heures
    Conciliation travail-études (famille)
    Cette formation offerte par l’Université TÉLUQ s’adresse à toute personne qui travaille ou qui étudie au Québec ou ailleurs dans la francophonie. Elle éveillera l'intérêt du personnel des associations étudiantes, des universités, des collèges et des écoles secondaires, tout comme celui des conseillères et conseillers en ressources humaines et en orientation professionnelle. La formation concerne également les gestionnaires d'entreprise, les fonctionnaires, les professionnelles et professionnels qui travaillent dans un organisme communautaire et le grand public.

Plateforme JeConcilie

  • Cette plateforme propose un outil d’autoévaluation interactif permettant aux élèves, aux étudiantes et étudiants de tous âges qui occupent un emploi d’en apprendre davantage sur la qualité de leur conciliation études-travail. Il s’agit également d’un outil de choix pour les parents, les milieux d’enseignement et les milieux communautaires qui désirent aider les jeunes à maintenir un sain équilibre études-travail.

Site de la CNESST

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